Janvier 1996
Saint Afrique (Aveyron)



GAZETTE DES VELIVOLES INDEPENDANTS
SAINT AFFRICAINS



Volume 1 - Numéro 1

Les protagonistes :

- DANIEL :
Le Maître (il travaille à EDF!)
- Les Grouillots :
Brigitte(l'épouse du Maître),
Julien (le fils du Maître)
- L'ange gardien :
Papy Emile (le...commanditaire)



Tout a commencé avec quelques bouts de tissu, un brin de résine et beaucoup mais alors beaucoup
d'huile de coude au fond de l'atelier de mon inventeur .

Ce n'est pas pour me vanter mais disons le, je suis parti de presque rien . Un griffonnage, d'un stylo
distrait d'abord, mais ensuite des traits beaucoup plus précis, des traits magnifiques,
des traits en forme de vitesse.
C'est exactement, cela j'allais devenir une "bête de course", une "bête à concours".

Mon papa, c'est Daniel. Croyez moi il s'est donné bien de la peine pour me créer. Rien à voir avec la
conception d'un petit d'homme qui reste un jeu d'enfant (enfin presque...) à coté de la conception
d'un planeur.
Oui, vous aviez compris j'espère, je suis un planeur.

Un de ces volatiles un peu spéciaux tout droit sortis de l'imagination de quelques rêveurs .

Mon ange gardien, c'est Emile (vous savez bien le père Andral).
Il a veillé sur le moindre de mes progrès, attentif au bon déroulement des opérations..
Il fallait bien son oeil exercé pour s'assurer que les deux "grouillots" de l'atelier (Brigitte et Julien)
respectaient à la lettre les consignes du maître Daniel :

- Eh! Y a pas un manque là? Il faut faire solide!
-Eh! Y'en a pas un peu trop ici? il faut faire léger!

Heureusement qu'il était là...Pour un peu, il guettait ma première dent!
-Eh Emile ! Faut quand même pas rêver!
Quoique...

J'ai l'air de plaisanter comme ça, mais n'allez pas croire à une histoire banale!
Tout n'a pas été si simple au cours de ce long voyage qui, de matériaux inertes ferait naître
la grâce et la vivacité.

Quelques problèmes de poids, des ennuis avec ma peau troublèrent ce qui aurait pu être
la douce quiétude d'une métamorphose.
Sans compter quelques trous approximatifs qu'il a fallu rectifier.
Mon ange gardien traversa difficilement la tourmente qui précéda ma naissance.
Il perdit même quelques plumes...
Ces émotions resteront à jamais dans mes souvenirs.
Mon ange gardien lui non plus n'est pas prêt d'oublier. Les cachets plus haut....c'était pour lui.
Il vécut un martyre.

Au bout du compte, il m'inquiétait.
Oui, oui! Il m'inquiétait.
Sans autre alternative, je devrais être à la hauteur de ses espérances. Sinon, assurément, au mieux
je finirais ma vie dans un coin, au pire ce serait le broyeur.
Brrrr! J'en frissonne...

Finalement, ce fut le grand jour, j'allais voler...C'était du moins ce que toute l'équipe avait projeté.
Pourvu que le ciel soit avec nous....
Là aussi j'étais soucieux. Parce que le ciel, on l'avait quand même pas mal invectivé tout au long
de l'interminable périple de ma création.
Pour me rassurer, j'essayais de me convaincre qu'il n'était pas rancunier.

Je pris quand même quelques assurances....
Tout va bien se passer......ne craignez rien!
Ma modestie souffrit un peu de voir mon premier vol reporté au lendemain seulement du jour des Rois.
Sans doute un petit rappel du ciel, un peu bousculé ces derniers temps (rappelez vous dans l'atelier).
Dans ma corbeille de baptême il déposa malgré tout un rayon de soleil et une brise clémente.

En tout état de cause, j'étais fin prêt pour faire ce pour quoi j'étais fait!
Les piafs de Belmont n'auraient qu'à s'écarter et les avions aussi d'ailleurs.
Un premier vol c'est quelquechose.



L'instant était imminent de l'accomplissement du passage initiatique qui d'un objet inanimé devait faire
de moi un pourfendeur des nues.
Je surveillais attentivement la mise en scène, prêt à m'impatienter.

L'EDF , quand il plante le treuil, on a le temps de voir pousser les arbres!....
Non! C'est moi qui veut aller trop vite.
Profitons de l'instant pour se décontracter un peu....

L'angoisse du premier départ fut brève. Il n'était plus temps d'avoir des états d'âme.
Tout de suite il y eut le vent, la vitesse et ma trajectoire, parfaite.


Nicolas,Daniel et Papy Emile...inquiets !


Ces sensations nouvelles qui m'envahissaient, j'avais peu à peu le sentiment qu'elles étaient miennes
depuis toujours. Je me laissais glisser.
En bas, sur l'herbe, ils ne savaient pas encore tout à fait.
Dans leur regard, je sentais leur émotion qui montait vers moi.
Ils réalisaient doucement ce qui pour moi était désormais une évidence,

JE VOLAIS



Le bonheur de Papy Emile !!


Quelques pitreries (célestes et même terrestres) détendirent l'atmosphère et je leur montrais
que j'avais plus d'un tour dans mon sac.
Heu...pardon! Dans mes ailes .

Pour l'atterrissage, pas de frayeurs inutiles!
Je ne suis pas quelqu'un qui laisse la place au hasard. Du reste je n'étais encore qu'un seau de
résine et un carré de tissu de verre que déjà j'entendais les leçons du chef :

-P T U ! Il est inadmissible de ne pas savoir où on va se poser!
-Eh! Il est drôle lui! Des fois c'est comme on peut...
Le tout, c'est de prendre un minimum de précautions et surtout d'avoir confiance.
-"Eh! Pas de blague les gars, coupez pas la ficelle!"

Ah! La la! Que d'émotions!
-Tout à fait Thierry! (oui, oui! il était là lui aussi)
Je me suis même fait un copain. Il appartient à Nicolas. Il a essayé de m'impressionner
en volant plus vite que son ombre, mais pas de problèmes, j'ai tout compris!

Enfin il me semble...



Papy EMILE et le WIZZ

A bientôt...


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